Aux origines du quartier Ausone au Bouscat : une utopie concrète née d’un besoin urgent

Quand des familles construisaient ensemble leur quartier
Dans les années 1950, comme partout en France, la région bordelaise fait face à une crise du logement. C’est dans ce contexte qu’un enseignant de Blanquefort, Yves Gourribon, décide de s’inspirer du mouvement des Castors pour créer un quartier unique au Bouscat.
👉 Le mouvement des Castors (nom emprunté à l’animal bâtisseur) est né après la guerre : il s’agissait de coopératives d’habitants qui construisaient eux-mêmes leurs logements, en mutualisant leurs forces, leur temps libre, leurs compétences et leurs ressources. On parlait déjà de “chantier participatif”, bien avant que ce terme ne devienne à la mode.
Yves Gourribon fonde alors l’Association Bouscataise d’Accès à la Propriété (ABAP). Une centaine de familles se regroupent, achètent ensemble un terrain alors marécageux (parcouru par le ruisseau du Limancet), et se lancent dans la construction, week-ends après week-ends, outils en main. Une véritable aventure humaine.
Le premier lotissement construit est celui des Écus (1950-54), suivi de celui d’Ausone (1956-57), composé de 94 maisons.
Une architecture simple, fonctionnelle… et en avance sur son temps

Les maisons du quartier Ausone, dessinées par l’architecte Jean J. Prévôt, partagent une même silhouette : des bâtis jumelés à un étage, sobres, bien agencés, sans fioriture inutile. Le salon traversant laisse entrer généreusement la lumière naturelle. La cuisine donne directement sur le jardin, ce qui renforce l’aspect familial et pratique de ces habitations. À l’étage, trois chambres viennent compléter la distribution, pensées pour accueillir les familles nombreuses de l’époque.
On reconnaît encore aujourd’hui leur style grâce aux volets pliants typiques et aux petites casquettes de béton qui protègent les entrées. Mais ce qui surprend le plus, c’est le niveau de confort proposé… dès les années 50. À une époque où beaucoup de logements anciens n’avaient ni salle d’eau privative, ni chauffage moderne, ces maisons intégraient déjà une salle de bains complète. C’était exceptionnel. Offrir à ses habitants une pièce dédiée à l’hygiène, avec lavabo, baignoire et parfois même chauffage, relevait presque du luxe. Un vrai marqueur de modernité.

Avec le temps, les habitations ont naturellement évolué. Certaines maisons ont été agrandies, surélevées, ou ouvertes sur le jardin par de grandes baies vitrées. D’autres ont été entièrement rénovées, mêlant charme de l’ancien et prestations contemporaines : isolation renforcée, cuisine ouverte, suites parentales, aménagements extérieurs paysagés…
Aujourd’hui, le quartier offre un mélange harmonieux de maisons au charme d’origine, de belles rénovations contemporaines, et de propriétés agrandies avec goût. Cette diversité séduit une clientèle variée : jeunes familles, actifs, retraités, ou encore amateurs d’architecture sobre et de quartiers à taille humaine.
La place Yves Gourribon : un symbole du quartier
Au cœur du quartier Ausone se trouve une place qui résume à elle seule l’histoire collective du lieu. Anciennement nommée place de Chébli puis place Kennedy, elle a été rebaptisée place Yves Gourribon en hommage au fondateur du quartier, tragiquement décédé en 1981 dans un accident de voiture.
Cette place reste aujourd’hui le cœur battant du quartier, un lieu de convivialité, de rencontres et d’animation locale.
Une fête de quartier qui perpétue l’esprit des pionniers
Chaque mois de juin, une fête de quartier rassemble plus de 200 habitants sur la place Gourribon. Organisée par les résidents eux-mêmes, elle témoigne de la vitalité du quartier et de la force des liens tissés au fil des générations. On y partage un repas, on y installe des jeux pour les enfants, des animations, parfois même des concerts — un moment attendu par les anciens comme par les nouveaux arrivants.
Cette tradition renforce le sentiment d’appartenance dans un quartier où l’esprit d’entraide n’a jamais disparu.
Un quartier qui attire de nouveaux profils

Aujourd’hui, Ausone est un quartier recherché, notamment pour :
- son cachet architectural de plus en plus apprécié.
- sa situation géographique idéale (proche du centre-ville du Bouscat, à quelques stations de tram de Bordeaux),
- sa qualité de vie, entre rues calmes, jardins et esprit familial,
- ses écoles, commerces et transports facilement accessibles,
On y trouve encore des maisons à des prix parfois plus accessibles que dans d’autres secteurs du Bouscat, mais la demande est en hausse, portée par un marché bordelais en tension.
Conclusion : Ausone, un quartier discret… mais exemplaire
Ce que les premiers habitants d’Ausone ont bâti ensemble va bien au-delà des murs : c’est un modèle de quartier à taille humaine, fondé sur l’entraide, la vision collective et la simplicité. Aujourd’hui, ces valeurs trouvent un nouvel écho chez les familles, les jeunes actifs et les amoureux de quartiers vivants et sincères.
Un quartier qui a une histoire… et clairement, un avenir.